Auteur : Joelle Charbonneau.
Éditions : Milan.
Genre : Dystopie, Science-Fiction, Jeunesse.
Date de parution : 04 Février 2015 (VF / France) – 07 Janvier 2014 (VO / États-Unis).
Nombre de pages : 286.

J’ai lu le premier tome de cette trilogie il y a exactement un an et ce fût une très bonne découverte. Dès lors, « L’Élite » de Joelle Charbonneau a fait ses promesses : De garantir de très bons moments de lecture, certes, mais aussi d’intégrer ma liste des dystopies destinés à la jeunesse à mettre entre toutes les mains. J’ai dévoré il y a quelques jours la suite de cette trilogie et franchement, l’intrigue a su de nouveau m’accrocher, la saga a réussi encore une fois à s’imposer et à tenir ses promesses ! Joelle Charbonneau parvient à mêler brillamment des thèmes du passage à l’âge adulte au suspens d’un roman policier dans ce deuxième volet d’une trilogie apparemment bien planifiée, avec un récit intellectuel plus complexe que la plupart des littératures dystopiques, plus élaboré à ce que je m’attendais personnellement !

DE QUOI ÇA PARLE ?
(Attention spoilers ! Si vous n’avez pas lu le 1er tome, ne lisez pas ce paragraphe. Je vous renvoie à ma chronique ici. Mais, vous pouvez toujours lire mon avis ci-dessous qui est sans spoilers !)
Cia a survécu au Test et a gagné sa place dans la prestigieuse Université de la capitale « Tosu » en tant qu’étudiante. Cependant, sa première année d’études est marquée par des souvenirs fantômes de son passage pendant le Test. Aidée par le transcommunicateur qu’elle a dérobé de son frère aîné Zeen avant de quitter sa colonie, Cia a accès à des messages chuchotés et désespérés d’elle-même – un enregistrement de ses expériences tout au long du Test. Et contrairement à ses camarades, elle sait que le coût de l’échec est la mort. Après avoir terminé ses examens d’entrée de première année, Cia est affectée à une section inattendue et se retrouve à nouveau dans une compétition pour exceller ou payer le prix ultime. Cette fois, cependant, notre héroïne est préparée à la brutalité violente qui l’attend. Et, même si elle hésite à faire confiance à qui que ce soit, Cia commence tranquillement à travailler pour un noyau de rebelles sans visage qui jurent d’arrêter le Test, de faire tomber ses partisans et de réformer le gouvernement. Parviendra-t-elle à le faire ?
UN RYTHME SOUTENU … BIEN DOSÉ !
Bien que l’action soit plus modérée que dans le premier tome, les enjeux dans le deuxième sont tout aussi importants, comme on le découvre au fur et à mesure avec le personnage principal. Au fil des pages, on ne peut que témoigner du talent de Joelle Charbonneau à garder le lecteur accroché : Des chapitres pas trop courts, ni trop longs avec des enchaînements tout aussi fluides que marquants grâce aux nombreux retournements de situation que l’autrice nous propose : Derrière les faux sourires et la paix plutôt rassurante, se succèdent de nouvelles épreuves et des choix cruciaux faisant de ce deuxième tome un vrai page-turner ! C’est vraiment ce type de révélations et ces petites surprises qui ne cessent de jaillir malgré que l’intrigue soit bel et bien mise en place que j’adore dans une suite de saga et qui me permettent d’accrocher ; chose qui n’est, malheureusement, pas toujours donnée !
La plume toujours aussi simple de l’autrice conférant ce style passionnant au livre aide vraiment à soutenir ce rythme et font que tous les sentiments ont vraiment leur place durant cette lecture : La peur avec des brins d’espoir, l’inquiétude et l’amour, le tout assaisonné avec une bonne pincée de suspens. D’autre part, les principaux points de l’intrigue résolus et exposés dans cette suite de « L’élite » créent une continuité franchement palpable dans l’histoire principale, et qui peuvent causer des problèmes aux lecteurs qui ne se souviennent peut-être pas de certains des détails les plus fins du premier livre, chose que j’ai évité en redécouvrant le début de cette trilogie grâce à un résumé détaille que j’ai trouvé sur un blog !
Bref, se dire qu’on va s’arrêter au bout d’un chapitre s’est avéré une mission difficile car avant même de le remarquer, mes yeux se trouvent déjà en train de dévorer les premières lignes du chapitre suivant : Impossible de lâcher ce roman !
AUTOUR D’UNE SOCIÉTÉ AMBITIEUSE NÉE DES CENDRES : LA CONCURRENCE ET LA RESPONSABILITÉ …
L’autrice peint dans ce deuxième tome le portrait d’une société qui a souffert des erreurs du passé, des décisions de ses dirigeants au long des décennies, et qui essayer de tout reconstruire de nouveau tout en évitant de marcher sur les pas de ses ancêtres !
Pour ce faire, la « Communauté Unifiée », dont il s’agit dans cette saga, semble avoir été construite sur le principe de la concurrence. Que ce soit le Test en soi ou le mode de fonctionnement du gouvernement comme on le découvre au fil des pages de ce roman, tous les officiels et les hauts gradé de Tosu sont les rouages d’un système compétitif conçu pour la survie des plus aptes, des plus débrouillards ou du moins des plus intelligents. C’est la conception même que s’est fait cette société des dirigeants capables de prendre la relève et de continuer les efforts de revitalisation entrepris. Cette concurrence prend tout son ampleur dans la vie étudiante au sein de l’Université de Tosu, où une personne ordinaire n’est pas récompensée dans la « Communauté Unifiée » pour sa modération, alors que dans gens prêts à tuer pour grimper les échelons, sont généreusement récompensés. Le Test mis en place par cette société et qui engage ses jeunes talentueux en mettant leurs vies en péril, ne sert donc -dans cette optique- qu’à former les futurs dirigeants du pays à valoriser la compétition et le succès par-dessus tout pour soi-disant « le bien ultime de la communauté ».
Pour mieux consolider cette approche, ce gouvernement souligne fort la notion de responsabilité dans sa dimension civique pour garantir des citoyens fidèles et dans la même longueur d’onde avec sa mission pour réussir. Les étudiants de l’université ont affaire avec tout ce qui est question de bonne gouvernance et de sciences plutôt que de littérature et d’art.
Au final, on se retrouve face à une société qui unie ses citoyens autour d’une cause visiblement noble, mais au fond égoïste. La libre pensée ou l’expression de soi n’est pas encouragée car elle n’a pas de place dans la mission qu’elle s’est fixée. Pour assurer le succès à long terme de ces objectifs, les gens sont mandatés pour participer à ce système, qui vise à déraciner la déloyauté et à encourager l’ambition égoïste et la concurrence. Le résultat est papable au fil de la lecture, les officiels se retrouvent tellement corrompus qu’ils ne considèrent même plus leur gouvernement comme corrompu, chaque officiel devant une incarnation même du système dont il est issu !
BREF …
Pour moi, tout fonctionne très bien avec « L’élite », et les bémols sont tellement minimes qu’on les remarque à peine au milieu de tous ces bons ingrédients. J’adore la façon dont ce livre se déroule, le rebondissement à la fin du roman qui nous révèle juste ce dont on a besoin pour se procurer le tome final et terminer la trilogie. Il s’agit visiblement d’une dystopie addictive avec les atouts indéniables pour permettre au lecteur de passer un excellent moment de lecture mais d’une simplicité irréprochable. Juste ce qu’il faut pour un public jeune non seulement pour découvrir ce genre sans prise de tête mais de le savourer et s’imbiber de ses fondements ! J’enchaîne tout de suite avec le dernier tome : Dernière épreuve !
En attendant, j’accorde à cette suite sur
et
, sinon 18/20 sur
!