Tous nos Jours Parfaits – Jennifer NIVEN

Auteur : Jennifer Niven.

Éditions : Gallimard Jeunesse (Collection Pôle Fiction).

Genre : Jeunesse, Contemporain.

Date de parution : 17 Septembre 2015 (VF / France) – 06 Janvier 2015 (VO / États-Unis).

Nombre de pages : 414.

Tous nos Jours Parfaits de Jennifer Niven repose sagement dans ma pile à lire depuis Décembre 2017 et à vrai dire, je l’ai carrément oublié et je ne pensais pas le lire si tôt. C’est à l’occasion de son adaptation au cinéma, disponible sur les écrans à partir du 28 Février 2020, que j’ai décidé de le commencer, faisant de ce bouquin ma dernière lecture de 2019. J’avais vraiment peur de ce best-seller international parce que justement c’en est un ! Le premier roman pour jeunes adultes de cette autrice et son plus grand succès à ce jour, New York Times Bestseller, le « Goodreads Choice Award » de l’année 2015 à la catégorie « Fiction YA » : j’étais presque certain de ne pas apprécier cette lecture comme ce qui s’est passé avec les livres de John Green.  Finalement, c’est exactement ce que s’est passé et je me trouve en conflit pour décider comment l’évaluer. Il y avait des hauts et mais surtout des bas du côté de la narration, mais j’ai beaucoup à dire en ce qui concerne le sujet traité : Les troubles psychiatriques et la maladie mentale.

Jennifer NIVEN

DE QUOI ÇA PARLE ?

Le récit suit essentiellement les adolescents Violet Markey et Theodore Finch, et bascule entre les deux. Le livre s’ouvre alors qu’ils se rencontrent sur le rebord du clocher de leur lycée, dans l’intention de d’envisager de se suicider mais « se sauvent mutuellement ». Les deux souffrent pour des raisons différentes : Violet est dévastée après la mort de sa sœur dans un accident de voiture auquel elle a survécu et sombre dans la dépression, et Finch, suicidaire, longtemps maltraité par son père et subissant les commentaires déplacés de ses camarades de lycée, souffre de troubles bipolaires non diagnostiqués et en fait face à sa propre façon. Finch persuade Violet d’être son partenaire pour leur projet de géographie, l’éloignant de sa zone de confort.

Ils apprennent à se connaître l’un et l’autre, explorent chaque centimètre de l’état de l’Indiana, où ils vivent, et voient tout ce qu’elle a à offrir avant le temps d’achever le lycée. Finch enseigne à Violet comment vivre quand tout ce qu’il veut, c’est mourir.

LES TROUBLES PSYCHIATRIQUES, DÉPEINTS ET DÉSTIGMATISÉS PAR JENNIFER NIVEN … LES SONT-ILS VRAIMENT ?

La santé mentale et le suicide dans la littérature jeunesse en particulier connait son apogée depuis quelques années avec l’apparition d’auteurs qui ont tissé les intrigues de leurs livres autour de ce sujet. « Tous nos Jours Parfaits » sort, d’après les multiples avis que j’ai pu lire, du lot car Jennifer Niven traite la stigmatisation liée à la santé mentale. Je peux très bien comprendre ceux qui le croient car cela est alimenté par une proximité de l’autrice avec la question parce qu’elle nous dévoile dans sa petite note à la fin du bouquin qu’elle a été la seule, plusieurs années avant d’écrire ce livre, à découvrir un ami qui s’était suicidé, sans parler de son arrière-grand-père qui est lui-même décédé d’une blessure par balle auto-infligée. Du coup, on sent clairement la passion de l’autrice pour explorer le sujet.

Pour ma part, je ne peux pas nier que j’ai un perçu son honnêteté à travers Finch et Violet. Mais, il faut dire qu’il y a quelques problèmes que j’ai eu avec la façon avec laquelle Jennifer Niven dépeint les troubles psychiatriques :

En fait, le livre laisse croire que les deux protagonistes, qui souffrent de troubles mentaux non diagnostiqués, pouvaient complètement guérir et en finir avec ces troubles juste en sortant pour un rendez-vous et en parlant de leurs vies l’un et l’autre. Ces troubles, certes, se manifestent différemment d’une personne à une autre et chacun essaye d’y faire face à sa manière. Donc, je pense que cet aspect est évoqué dans le livre en toute naïveté, que l’autrice pensait que ce n’était guère une rupture avec la vraie façon avec laquelle il faut traiter une maladie psychiatrique. Mais à vrai dire, les choses m’ont fait peur quand j’ai commencé peut à petit à réaliser que finalement, c’était la seule façon dont Violet et Finch semblaient gérer leurs détresses consécutives et C’EST JUSTE GRAVE ! Les personnes souffrant de troubles psychiatriques doivent ABSOLUMENT consulter un clinicien qui prendra en charge ces troubles et suivra leurs évolutions. Les troubles psychiatriques NE DOIVENT EN AUCUN CAS ÊTRE NÉGLIGÉS et le cours de cette histoire là en est la preuve !

La plupart des adultes dans ce livre semblaient tout simplement ignorants. Personne ne savait de quoi ils parlaient et faisaient ou ne semblaient tout simplement pas se soucier de l’état psychologique alarmante de leurs enfants. Même le conseiller psychologique du lycée qui a pour rôle de suivre l’état de Finch m’a semblé, à mon grand étonnement, un peu ignorant du sujet au début et je dis ça parce que c’est son discours tout au long du livre qui le laisse penser. Vers la fin du livre, il suspecte enfin, Dieu merci, UNE BIPOLARITÉ NON DIAGNOSTIQUÉE, ce qui aurait sauvé la mise ! Donc, je dirais peut-être que le rôle de ce conseiller, aussi important qu’il soit, a été plutôt un peu bâclé!

Intentionnel ou pas de la part de l’autrice, je trouve au moins qu’un lecteur un peu concentré sur sa lecture pourrait en tirer la morale, cachée entre les lignes, sans que ça soit directement évoqué (Ce qui n’est certainement pas notre cas). Personnellement, je trouve que Niven a pris, qu’elle le veuille ou pas, un grand risque car au final, c’est un livre destiné à un public jeune qui pourrait être incapable de juger en ce qui concerne ce sujet délicat. C’est d’une perspective d’un étudiant en médecine que je dis ça, même si mon contact avec la psychiatrie comme discipline était minime jusqu’à maintenant, mais c’est largement suffisant pour affirmer que si vous êtes une personne qui souffre d’un trouble psychiatrique et que vous le savez, vous ne pouvez pas vous attendre à ce que d’autres personnes, en dehors d’un clinicien, vous guérissent (ou du moins apaise votre souffrance) ! Je ne dis pas que ce livre est mauvais, mais qu’il pourrait diffuser les mauvais messages à son public cible. Je ne veux pas que quelqu’un commence ce livre (ou prochainement le film) et soit frappé par des idées obsolètes ou inexactes sur la maladie mentale et les méthodes de traitement.

Dans le même sujet, un autre point très important doit être signalé avant de passer à autre chose, et pour en parler je dois malheureusement un peu spoiler l’histoire.

* * *

(Attention spoilers ! Essayez de ne pas lire le paragraphe suivant, écrit en gris, parce qu’il renferme un spoiler formel sur la fin du livre !)

Theodore Finch finit par mettre fin à sa vie dans ce livre. Personnellement, je m’attendais à ça et je n’étais pas du tout surpris. Le problème est que cela n’a pas été bien géré. D’une part, Finch se suicide juste après que Violet lui ait suggéré d’obtenir de l’aide. Elle passe ensuite le reste du livre à se blâmer pour l’avoir même suggéré. Ce n’est pas le message qui doit être passé ! Finch est mort par ce qu’il n’a justement pas sollicité l’aide de quelqu’un qui est apte de le prendre en charge ! Et si Violet doit se blâme, c’est parce qu’elle ne lui a pas suggéré d’obtenir de l’aide plus tôt !

* * *

Bref, je ne recommanderais absolument pas ce livre à une personne souffrant d’un trouble psychiatrique et qui recherchait une représentation ou une projection.

DU DÉJÀ-VU ET REVU …

En lisant « Tous nos Jours Parfaits », j’avais carrément l’impression de lire un « Nos Étoiles Contraires » revisité : Le sujet traité mis à part, j’ai retrouvé les mêmes éléments qui figurent dans le roman à succès de John Green : Deux adolescents charmants à qui la vie ne leur sourit pas, avec des citations de grands auteurs par ci par là afin de donner une impression de jeunes cultivés, et puis l’histoire d’amour craquante qui va naitre des cendres de ces deux âmes brisées et perdues pour parvenir à la fin qui fait pleurer pour toucher le lecteur dans son petit cœur. Je respecte vraiment l’avis des gens qui ont aimé le livre (les deux livres cités en fait), mais pardonnez-moi : D’accord c’est sympathique mais ça reste aussi trop superficiel ! Si j’ai résisté pour finir le livre, c’est parce que j’ai tenu à savoir comment l’autrice traite le sujet jusqu’à la fin et pouvoir forger un avis le concernant.

BREF …

Avec le recul, je suis quand même content que je n’ai lu ce livre que maintenant. Je me sens capable de voir au-delà de l’histoire émouvante et de juger le texte à sa juste valeur qu’il y a 3 ans. Compte tenu du regard que portent les gens de nos jours aux gens porteurs de troubles psychiatriques, je trouve que ce livre ne peut qu’empirer les choses si mis entre les mauvaises mains ! Je le répète et je ne le répèterai assez : Les troubles psychiatrique ne doivent jamais être banalisés et la maladie mentale en aucun cas prise à la légère. Seul un clinicien est capable de soulager de tels maux !

Du coup, j’ai accordé à « Tous nos Jours Parfaits » sur undefined et , sinon 10/20 sur undefined !

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