La dernière chasse – Jean-Christophe GRANGÉ

Auteur : Jean-Christophe Grangé

Éditions : Albin Michel.

Genre : Thriller.

Date de parution : 10 Avril 2019 (VO / France).

Nombre de pages : 416.

Je n’ai pas encore eu la chance de lire tous les livres de Jean-Christophe Grangé, que j’ai découvert grâce à « La terre des morts » – un gros coup de cœur – ! Mais, les quelques romans de cet auteur que j’ai pu découvrir furent tous des belles découvertes qui me poussent encore à en lire d’autres et à guetter les nouvelles parutions de cet auteur, chose faite avec son dernier opus, « La dernière chasse« , paru aux éditions Albin Michel. Cela fait plusieurs jours que j’ai terminé la lecture de ce livre et j’avoue qu’il dérobe cette fois à la règle : Il ne m’a pas marqué autant que les précédents … pas du tout, en fait ! Je n’ai connu ni la plume ni le savoir-écrire de Jean-Christophe Grangé et je suis du coup un peu déçu.

Jean-Christophe grangé

(Attention spoilers ! Si vous n’avez pas lu « Les rivières pourpres » de Jean-Christophe Grangé (1998), vous allez rencontrer un tout petit spoiler en lisant ma chronique. Ce n’est qu’un petit détail vraiment insignifiant, mais je vous met au courant, par respect, au cas où vous avez l’intention de lire ce roman !)

DE QUOI ÇA PARLE ?

Nous retrouvons Pierre Niémans, héros des « Rivières pourpres« , qui, après avoir échappé à la mort lors l’enquête de Guernon il y a 8 ans, travaille désormais à l’Office central, une unité qui a pour objectif d’aider à la résolution de certaines affaires sensibles. Secondé par Ivana, une de ses anciennes élèves, il va se rendre dans la région de Bade-Wurtemberg, en Allemagne, pour enquêter dans un meurtre commis dans la Forêt Noire de la région. La victime, Jürgen von Geyersberg, est le principal héritier avec sa sœur cadette Laura de l’une des plus grande fortunes d’Allemange. Assassiné lors d’une partie de chasse selon les règles de la chasse à l’approche, la pirsch, son cadavre est retrouvé en forêt, horriblement mutilé : Décapité, castré, éviscéré, un brin de chêne, trempé dans son propre sang, entre les dents.

L’ENNUI NAQUIT UN JOUR DE L’UNIFORMITÉ …

(Antoine Houdar de la Motte)

… Et moi, je me suis pas mal ennuyé en lisant ce livre, car oui : C’est bien de l’uniformité qu’on parle ici ! Ça partait mal dès le début avec le retour de Pierre Niémans qu’on croyait laissé pour mort à la fin des « Rivières Pourpres« , jusqu’à ce que l’auteur juge, 21 ans plus tard, qu’il n’est pas du tout bon de mettre fin à la vie d’un personnage principal et décide du coup de le ressusciter et lui faire reprendre du service dans cette nouvelle enquête. Et là s’est formé le gros cliché des thrillers que même moi, qui en ait lu pas des masses, m’énerve : Le flic, déjà traumatisé depuis l’enfance, qui ne s’est toujours pas remis de ce qui s’est passé lors de l’affaire de Guernon, qui tente de se reconstruire encore une fois dans l’institution de la police malgré son âge un peu avancé et dont les émotions, encore vives, lui poussent à déconner, à manquer de professionnalisme, limite se mettre lui et son entourage en danger. C’est tellement vu et revu !

Heureusement que le meurtre se présente rapidement et l’intrigue s’installe sans beaucoup de difficultés, mais je me suis rendu compte au bout d’une cinquantaine de pages que le suspense commençait quand même s’essouffler et que ma lecture devenait de plus en plus monotone. Il n’y avait pas ce dynamisme, ce rythme dont l’auteur m’avait habitué dans ses romans précédents que j’ai eu l’occasion de lire, et du coup, je me suis senti moins investi que d’habitude. Ceci est d’autant plus marqué que la première partie s’étend sur la moitié du livre, ce que j’ai trouvé trop long, conférant au roman une certaine disproportion ! Au moment de la grande révélation, je n’ai pas vraiment ressenti ces petits frissons tant attendus car il faut bien dire que j’ai anticipé quand même un peu le dénouement !

Je me suis habitué avec Jean-Christophe Grangé à des personnages beaucoup plus excentriques, surtout en ce qui concerne les intervenants directs dans l’enquête (et là, je ne peux que me souvenir de « Kaïken« ). Cette fois-ci, on a droit à Ivana, une ex-élève serbo-croate brillante à l’école de police devenue ensuite coéquipière, elle-même au passé secouant … Un passé qui, tout de même, ne réussit pas à conférer au personnage ce caractère profond, vif et ce charisme que l’on attend de lui et la preuve qu’au fur et à mesure que j’avançais vers la fin du roman, j’ai senti même qu’elle commence à perdre un peu de sa vraisemblance, de sa crédibilité : Je parle bien de la femme qui se veut forte mais qui cède trop facilement à la tentation de l’amour !

Pour terminer, encore dans l’idée de l’uniformité, il me semble que le monde de sado-masochisme, largement exploité dans « La terre des morts« , occupe encore l’esprit de l’auteur qui l’évoque encore une fois au début de cette enquête. Évoquer n’est peut-être pas le bon choix du verbe, alors je dirais que l’écrivain frôle le thème. Là, j’avoue que je me suis mis en alerte car j’avais vraiment peur qu’il reprenne des idées déjà employé dans son livre précédent et gâcher ainsi non seulement ma lecture de « La dernière chasse » mais aussi le grand coup de cœur que j’ai eu pour « La terre des morts« . Heureusement que ça n’a pas été le cas et je me demande même sérieusement l’intérêt d’aborder encore une fois le thème de sado-masochisme, encore plus de cette façon-là !

Bref, beaucoup d’anomalies d’écriture qui ont fait que je n’étais pas vraiment entraîné dans les basses profondeurs des ténèbres comme nous habitué le grand maître du thriller français. Et vu la longueur de livre, on voit facilement que c’était écrit à la va-vite et le résultat fut malheureusement sans grande valeur ajoutée, ni pour le lecteur, ni pour le parcours littéraire de l’auteur. Je crains même que Grangé n’ait choisi de basculer vers la compétition sur les meilleures ventes de livres et du coup vers un rendez-vous annuel avec ses fans, réglé comme une horloge, où il débarque avec une nouvelle apparition qui manque de recherche !

SEULES LES BONNES IDÉES SURVIVRONT !

Je dirais franchement que ceux qui ont sauvé un peu le coup étaient les quelques idées nouvelles, autour desquelles l’auteur a choisi de monter son intrigue. Se focalisant sur le milieu de la chasse, Grangé expose tout au long de son roman les différentes techniques de chasse : La chasse à courre, la chasse à l’approche, la chasse à tir, etc … Ceci est fait via cette famille allemande de milliardaires, qui échappe quand même un peu avec ses vieilles traditions aux stéréotypes ! J’ai beaucoup apprécié les cogitations de l’âme humaine et ses philosophies autour des différentes méthodes de chasse que nous transmet l’auteur à travers ses personnages. Ceux-ci ont le mérite d’avoir mené avec brio le fil conducteur de l’histoire jusqu’au bout.

J’ai adoré aussi découvrir les « Chasseurs Noirs« , ce bataillon de criminels repris de justice et enrôlés pendant la deuxième guerre mondiale par l’Allemagne nazi pour traquer les juifs avec leurs Röetkens, une race de chiens locaux dressés pour tuer et qui est censée avoir été éradiqué à la chute de l’Allemagne nazi. Tout semble d’un coup avoir jailli des tréfonds de l’histoire et j’aurais franchement apprécié une meilleure exploitation du passé de cette brigade vu l’effet général que ça a donné à l’ambiance de l’intrigue.

BREF …

L’écriture d’un bon thriller est loin d’être exercice facile … Un exercice qui demande beaucoup de réflexion et d’y allez un peu doucement, chose qui n’a pas été faite avec ce dernier opus de Jean-Christophe Grangé. La bonne trame est présente et les idées sont impeccables. Elles avaient du potentiel et ne demandent que d’être retravaillées et améliorées, mais je ne comprends pas vraiment la nécessité de publier cette nouvelle parution de l’auteur aussitôt ? Ça aurait vraiment été un nouveau grand Grangé qui se respecte !

J’ai accordé à La dernière chasse sur undefined et undefined, sinon 13/20 sur undefined !

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